Vous l'aurez compris, j'aime les voyages et j'ADORE les langues: je tiens donc à ce que ce blog soit rédigé minimum en trois langues, voire quatre: celle de Molière, celle de Shakespeare, celle de Zorro et pourquoi pas celle de Rocco Siffredi!

12.6.11

Faites vos jeux, rien ne va plus...

Un mois s’est écoulé depuis ma dernière publication sur ce blog et certains l’auront deviné, ce n’est pas seulement par excès de fainéantise ou manque de temps mais aussi à cause de retournements de situation. Pour tout vous dire ma situation actuelle est très différente de celle d’il y a un mois et j’ai dû remettre en partie mon voyage en question. Mais qu’est-ce-qui-c’est-passé ??? Retour en arrière, au samedi 14 mai, où je vous avais laissé la dernière fois. Pardonnez la peut-être inexactitude des dates, ça fait un mois quand même…

Samedi 14 mai

Samedi soir, où que tu te trouves dans le monde, c’est sacré. Tu sors et tu bois (et pour certains tu te défonces la tronche) et tu dragues. Première soirée au pub, lieu de socialisation, que ce soit en Angleterre, Irlande, Ecosse ou ici. Nous sommes accompagnés d’Andy, le stagiaire suisse qui est depuis deux mois à la ferme, et Roon, son ami danois. Ils ne sont pas très bavards mais l’ambiance est bonne, la Guinness excellente, et le chanteur-guitariste tue sa race. Kim Churchill qu’il s’appelle. Tom passe la soirée à tenter de pousser Cédric à parler à des filles. On essaie de le caser… Mais Cédric ne semble pas être d’humeur, peut-être parce qu’il savait déjà qu’il allait partir.

Après quelques verres nous nous lançons sur la piste (ce qui est assez extraordinaire vu que Tom et moi avons pour point commun d’être de piètres danseurs et d’en avoir honte) et après une salve d’aplaudissements nous nous ruons à l’unisson sur le chanteur et lui achetons deux CD. Paf ! 30 dollars ! Tom regrettera après-coup de les avoir achetés mais c’est lui qui passera son temps à les écouter…

Première soirée au pub Settlers à Margaret River

Roon, Cédric et moi



Mon p'tit Tom...





Y'a toujours un gars qui s'incruste sur les photos.... Cherchez l'intrus



Dimanche 15- Mardi 17 mai

La semaine passe plutôt tranquillement. Cédric a pris la décision de partir. Il ne sait pas encore exactement quand mais ça le taraude. Finalement il se décide pour jeudi.

Les classiques spaghettis beurre-ketchup-sel
dont mon petit frère raffole tant...


Cédric quelque peu coincé entre le lit et le mur... bouge toi Tom!

Mardi 17 mai

Nicole a prévu d’organiser une big fiesta pour on anniversaire, chez elle, le samedi suivant, avec plus de 50 personnes. Elle me demande si je peux lui filer un coup de main pour déblayer le garage et installer chaises et tables. No worries ! Tom propose même de traire les vaches quelques fois de plus pour qu’elle ait plus de temps pour elle. En échange je lui demande si par hasard elle n’aurait pas une voiture à nous prêter puisque Cédric pense nous quitter et que l’on se retrouvera sans véhicule. Selon elle ce n’est pas un souci, elle peut nous filer une Peugeot 405 qu’ils n’utilisent presque pas et qu’ils cherchent à vendre (3500$). Cool… Le seul hic c’est que si l’on se prend un kangourou on est dans la mouise. La voiture sera déclarée épave. Bon ok, on fera attention.

Mercredi 18 mai

C’est l’anniversaire de Nicole, 40 ans ! Nous lui avons acheté le quatrième livre de la saga Twilight car nous savons qu’elle est en train de lire le troisième. Cédric et moi nous attelons au papier cadeau. J’aime ! Et je pense que ça lui a plu.

Notre papier cadeau qui déchire tout, avec une vache suisse bien sûr!


Jeudi 19 mai

Le temps est très moche dehors : il pleut à verse et comme toujours le vent se déchaîne. Tôt le matin Tom et moi allons voir Nicole et lui expliquons la situation. Nous avons besoin immédiatement de la voiture car Cédric prend la route le jour même, il est en train de faire son sac. Elle nous demande de nous rendre au chalet de sa mère, qui est sur la propriété, et où se trouve la voiture, stationnés dans le garage. Manque de bol, pas de batterie. Impossible de la faire démarrer. Après de nombreuses tentatives nous finissons par la pousser jusqu’à la ferme (en descente, dans un champ) et mettons la batterie en charge pendant plus d’une heure. En attendant nous filons un coup de main pour débarrasse de leurs fruits un pommier et un cognassier (ou du moins ses fruits ressemblaient à des coings et en anglais ils appelaient ça des « quince »). Il est midi passé, je dois aller traire les vaches à 15h, la voiture ne semble pas vouloir se charger et je commence à en avoir gros sur la patate de ses saletés de bagnole qui nous font toujours de sales plans. Seul espoir qui nous reste, tenter de pousser de nouveau la voiture, maintenant qu’elle a un semblant de batterie. Hourra ! Victoire ! Elle finit par démarrer et on la fait tourner pendant bien une heure histoire d’être sûrs qu’elle ne s’arrête pas. Cédric repousse son départ d’une journée car il est déjà tard. Tout est bien qui finit bien.

Ma titine!! Une Peugeot 405 rouge qui consomme que dalle

Lieu de mon assignation à résidence ;)

Vue depuis la fenêtre sur la brume du matin, c'est pas magnifique...?



Vendredi 20 mai

Tom va traire les vaches à 6h30 mais manque de bol il y a eu un malentendu et finalement ils n’avaient pas besoin de lui. Il rentre, dépité, et se recouche. Moi je me lève un peu plus tard et passe la matinée à aider Nicole pour sa fête. Puis Cédric et Tom arrive et c’est un vrai départ cette fois, ou du moins c’est ce que Cédric a voulu nous faire croire… Il prévoit de partir vers le nord et de voyager avec Tristan et Angélique, deux de ses amis (un couple de français) que j’avais rencontré à Melbourne. Il me laisse un long mot d’adieu. Tu vas nous manquer Cédric et tu nous auras bien fait rigoler… Nous passons donc notre première soirée en tête-à-tête Tom et moi.

Samedi 21 mai

Samantha et Nicole nous ont chaudement recommandé de faire un tour par le vide-grenier qui a lieu tous les quinze jours à Margaret River. Nous étrennons la voiture qui, nous le découvrirons au fil des kilomètres, ne consomme presque rien et fonctionne au gasoil. Je l’aime tout de suite et nous sommes assez contents d’avoir celle-ci à la place de la Holden Commodore qui consommait tant. Le vide-grenier est assez décevant. Il se tient sous un hangar et rassemble de tout et n’importe quoi. Mais la seule chose que nous trouvons c’est un câble auxiliaire pour pouvoir écouter de la musique depuis nos Ipods sur la chaîne Hi-Fi. Après une autre traite nous nous rendons à la fête de Nicole à laquelle nous avons été conviés. L’ambiance est très sympa, les convives sont charmants et le buffet est absolument délicieux. Je me ressers. Le gâteau d’anniversaire (à la carotte) est quant à lui à tomber par terre. J’en emporte une part pour le petit-déj. Et quant à nous, nous sommes bien éméchés, après quelques bières et quelques verres de vin rouge (pour moi) et de vin blanc (pour Tom). Nous discutons allègrement avec Dave et Samantha qui ont été invités, ainsi qu’avec Andy et d’autres que nous connaissons moins. Tout le monde a bien bu. Nous finissons par rentrer tôt, il faudra se lever pour la traite du lendemain matin.

De gauche à droite et de haut en bas:
Rodney, Nicole, et leurs enfants Dominique, Lucas et Justin.
Des prénoms très suisses

Nicole soufflant ses 40 bougies

La même photo avec moi en plus. Toujours ce bon vieux sweat rouge...


Dimanche 22 mai

Nous avions décidé que je travaillerais chez Dave et Sam la semaine et que Tom lui travaillerait les week-ends pour payer le logement. Et que nous partagerions mon salaire puisque Tom n’était pas payé. Cependant il était tellement fatigué ce matin-là que je me suis proposé pour aller traire à sa place. Avec Andy. En rentrant à la maison, après une bonne douche brûlante indispensable et méritée, Tom décide de faire un tour sur la moto qu’ils nous ont prêté (une 200 cm3 Honda) et me propose de me montrer comment la conduire. Moi qui n’ai jamais conduit une moto de ma vie. Ma première expérience. Ma foi, les premiers essais sont plutôt encourageants et  après avoir passé la première, seconde, troisième, dans un champ où se trouve un terrain de motocross, je décide de prendre un chemin puis de faire demi-tour et revenir. Hélas ! Très mauvaise idée. Après m’être arrêtée dans le chemin (au point mort), je décide de faire demi-tour à califourchon sur la moto en tournant le guidon. Au moment où je passe la première, ma roue avant est tournée vers la clôture et je n’ai pas le temps de tourner suffisamment le guidon. Je pars dans le champ voisin, emportant avec moi 100 mètres de clôture. C’est con… Je parcours environ 10 mètres en chute libre avant de me laisser tomber et de me crasher sur l’herbe verte avec mon casque sur la tête. Ouf rien de cassé, mais je suis sous le choc. Tom, qui ne m’a pas vu tomber, finit par arriver sur les lieux du désastre et m’aide à relever la moto (qui était toujours en première) et nous constatons l’ampleur des dégâts. On est mal, très mal… Heureusement le champ dans lequel j’ai atterri est voisin de celui où se trouve les 165 vaches. Selon Tom, qui a l’habitude de réparer les clôtures en Angleterre, il faut un tracteur pour tendre les fils de fer. Oups… Je prends la voiture et la tête basse je vais raconter à Rodney ma mésaventure. Je m’attendais à ce qu’il me fustige sur place mais au lieu de ça il a rigolé et m’a dit qu’il a l’habitude, mais qu’en principe ce sont plutôt les vaches et les kangourous qui défoncent les barrières… J Il est venu dans l’après-midi et on a réparé ensemble le fil de fer, non pas avec un tracteur mais avec un outil spécial. Avant de partir pour la traite de 17h, Tom m’annonce que Mike, l’ami avec lequel on devait initialement voyager a prévu de quitter son job, après quatre mois dans une ferme à Espérance (sur la côte sud-ouest) et qu’il arrivera dans la semaine qui vient. Ok. Cette journée aura été très éprouvante pour moi.

La Honda 200 avec laquelle je me suis ramassée


Mardi 24 mai

Mike a finalement accéléré ses plans et débarque mardi après-midi. J’ai le plaisir de le revoir, à mon retour de la traite, après quatre mois depuis Singapour. Presque immédiatement l’ambiance change, devient tendue. Tom et Mike s’entendent à merveille mais ce dernier ne s’adresse pas à moi et je me sens de trop dans leur duo soudain retrouvé. J’essaie de faire la conversation mais je peine à comprendre Mike et mes questions sont suivies de réponses trop courtes. Après quelques soirées arrosées (et enfumées J ), il me semble évident petit à petit que notre trio ne va pas fonctionner. Je commence à déprimer et c’est alors encore plus dur de communiquer avec mes compagnons. Je suis prise d’un gros moment de doute et pense partir. Cédric nous paie une visite le vendredi suivant, avec Tristan et Angélique. Ils passent la nuit chez nous et repartent le lendemain matin, vers le sud… Finalement ils ont préféré visiter un bout de la côte sud avant de rallier Perth puis le nord. Je me dis que je pourrais partir avec eux, me sentant comme le vilain petit canard , mais j’aime trop la maison et mon boulot pour partir. Si les gars veulent partir, qu’ils partent.

Samedi 28 mai

Soirée au pub, de nouveau, avec cette fois Mike, que Tom essaie aussi de caser. C’est moi qui dois les reconduire chez nous. Donc c’est moi qui ne bois pas. Ca ne me dérange pas, pour le prix d’une bière je peux avoir deux jus d’orange J . De plus, chacun me paye un verre. Le groupe de reggae est à mourir d’ennui et nous finissons par rentrer vers minuit, moi au volant, sobre mais hyper flippée car obligée de conduire pour la première fois sur la route principale (limitée à 110km/h), sur le côté gauche, de nuit, avec la menace omniprésente des kangourous, la radio à fond la caisse et quatre mecs bourrés qui me donnent des indications différentes. Après quelques erreurs de direction de ma part, Tom finit par reprendre le volant sur les routes secondaires. Ouf ! Echappée belle. Après un accrochage à Melbourne avec la voiture d’Alberto, vous comprendrez que je n’étais pas très à l’aise pour conduire de nouveau. Une nouvelle donnée est entrée dans notre vie. Le grand-père de Tom, qui était décédé une semaine avant son départ pour l’Australie, était apparemment assez riche et tous les membres de sa famille allaient recevoir une belle somme d’argent, dans les 10 000 livres selon Tom. Cet idiot (pardon Tom) s’est mis dans la tête qu’avec cet argent il pourrait voyager sans travailler et surtout qu’il allait le recevoir bientôt.

Tom, Mike, Andy et Roon


Lundi 30 mai- Vendredi 3 juin

Tom et Mike se sont alors mis à la recherche d’une voiture. Que Mike a fini par acheter. Un Landcruiser pour 3000 dollars. Nicole nous a demandé de nettoyer la Peugeot et de la lui confier le samedi suivant pour l’amener à une vente aux enchères où elle espérait la vendre. Je commence sérieusement à avoir peur. Si les gars partent et que Nicole vend la voiture je suis cuite, pas moyen de bouger, pas de sous, pas de moyen d’aller travailler.

Les vaches depuis la fenêtre du salon

Mike et Tom, le duo d'inséparables

Une des vaches qui couvrent la région sud-ouest, ici à Augusta, près du phare
Clairement une vache-pirate


Vendredi 3 juin

Heureusement mes anges gardiens, Sam et Dave, apprenant la situation, me proposent de rester chez eux si je le souhaite ou de me prêter leur pick-up pour faire le trajet de ferme à ferme. Ils sont merveilleux. Je prends vraiment beaucoup de plaisir à travailler pour eux. Le travail en lui-même est facile et Dave (avec qui je bosse la plupart du temps) est très marrant. On s’amuse à appeler les vaches dans toutes les langues, on rigole lorsque les jets d’eau pour nettoyer les crottes et la pisse se mettent soudain à nous arroser tous seuls, on blague à propos des taureaux qui se prennent pour des vaches et viennent se faire traire. Il insiste pour que je monte sur le quad et ramène les vaches et que je fasse une piqûre à l’une des vaches qui a la patte abîmée (mais je me sens mal à la seule vue de l’aiguille, qui dirait que ma mère est infirmière ?). Je suis désormais très à l’aise avec le boulot et nous sommes de plus en plus rapides. Après chaque traite, à 18h, quand la nuit est tombée, ils me proposent une bière. Au début c’était juste le vendredi, car c’est jour de paye, mais au fur et à mesure c’est devenu quotidien. Pas grand-chose, juste une bière, car il faut que je puisse rentrer chez moi ;) Pour nous les Working Holiday Visa, la tolérance alcool est de zéro, mais les flics ne sont jamais dans les pistes par où je passe, donc pas de souci. A plusieurs reprises ils nous ont offert de quoi manger (steaks et rôti, soupe de citrouille) et la veille (jeudi) ils m’ont invité à manger une soupe de chou-fleur (miam-miam), après une bonne heure de discussion et une bière, car il savait que les gars étaient partis à un tournoi de poker à Margaret River.

Un des veaux de chez Sam, trop chou

Cédric, Feve (du nom d'un joueur d'Aussie Rules)
et Buddha (parce que Sam est fan de Bouddha et qu'il lui ressemble aussi) 


Dave


La laiterie




L'endroit où les vaches sont traies

Moi à l'oeuvre



Ce soir-là, comme tout vendredi, j’ai touché ma paye de 300 dollars. J’étais contente mais épuisée. Puis après une bière je suis rentrée à la maison, trouvant un petit mot de Tom et Mike m’avertissant qu’ils étaient partis mais qu’ils revenaient d’ici 20 minutes. J’ai pris ma douche et en sortant je les ai vus arriver avec un pack de 30 bières. Ils se sont mis à boire et je me suis un peu énervée de les voir glander alors que j’avais bossé et que j’avais faim. Bref après quelques minutes on s’est fortement engueulés Tom et moi (pour diverses raisons) et ils sont partis au pub sans moi. J’ai aussitôt regretté mon attitude mais ils étaient déjà en route. On s’est réconciliés lorsqu’ils sont rentrés, complètement ivres, et les jours suivants ont été plus relax. Parfois ça fait du bien d’exploser.

Samedi 4 juin

Nicole nous avait demandé plusieurs choses. Primo d’amener la voiture pour la laver de l’extérieur avec le jet d’eau (à Tom). Secondo de nourrir les veaux (à moi). II était prévu que j’y aille vers 8h, après la traite. Mais lorsque Tom s’est réveillé à 6h les effets dévastateurs de l’alcool étaient là. Impossible de se lever et envie de vomir. Du coup je m’y suis collé et il est venu me rejoindre plus tard et m’a aidé à nourrir les veaux.
Dernière soirée au pub avec les garçons. Plutôt ennuyante car ils n’aimaient pas la musique (jazz-rock) et ont voulu rentrer tôt.

Lundi 6 juin


Finalement j’ai récupéré la voiture qu’ils n’ont pas réussi à vendre. Ce jour-là une vache m’a donné un coup de patte et le bout de mon majeur (mon doigt) s’est retrouvé sous sa patte. Heureusement rien de cassé mais j’ai bien failli m’évanouir de douleur. Matt, le copain anglais de Tom que nous avions connu au Coolibah Lodge, est arrivé dans l’après-midi. Un mec très sympa. Lui aussi il est fauché mais ils ont décidé de partir tous les trois ensemble. Ils m’avaient proposé de voyager avec eux bien sûr mais j’ai décliné leur proposition étant consciente de l’enfer que l’on vivrait tous. Après un bon rôti préparé par Mike (je dois reconnaître qu’il se débrouille pas si mal), nous avons enchaîné sur un jeu à boire. The Ring of Fire !! Un des jeux les plus marrants que j’ai eu l’occasion de tester, qui sort du traditionnel caps. L’objectif est toujours le même, essayer de faire boire le plus possible les autres joueurs mais on joue avec un jeu de cartes et chaque carte (de l’as au 2) représente une règle différente. Je m’en suis bien sortie mais comme le jeu est long (environ 2 heures) et que l’on boit presque en continu, à la fin j’étais complètement sèche. Filé direct au dodo.

Mardi 7 juin

Journée noire. Réveil avec des envies de suicide. Je sens que mon crâne va imploser, que mon ventre va recracher tout ce que j’ai pu ingurgiter la veille, et j’ai un sentiment d’oppression qui grandit… Tom va me quitter. Aujourd’hui. Ce matin même. Et il n’y a rien que je puisse faire. Il y a même pire. Il est 8h, les gars sont frais comme des gardons (on n’a pas la même résistance à l’alcool, c’est évident) et sont déjà en train de ranger l’orgie de la veille et de préparer leur 4X4. Quant à moi, il faut que je me rende à Margaret River pour 10h, car je dois nettoyer une maison de vacances de location. Ca ne pouvait pas plus mal tomber et je n’ai pas pensé à la gueule de bois la veille lorsque j’ai commencé à boire. En fait je sens plutôt que je suis toujours ivre. Je songe à appeler Stéphanie, la proprio, et lui demander si je peux repousser d’une journée, mais c’est ma première journée de boulot et ça ne serait pas bien vu du tout. Je me demande aussi si c’est raisonnable de prendre la voiture dans mon état mais dix heures ont passé depuis mon dernier verre, et c’était de la bière alors… Je prends une douche qui me revigore pour un moment, puis mange mon p’tit-déj en solitaire car les gars ne mangent pas le matin, et fais mes adieux à Tom (très brefs car je commence à fondre en larmes). Après un mois et demi passés ensemble c’est dur de se dire que je vais peut-être ne jamais le revoir. Et aussi qu’à partir de maintenant je suis seule. Les mecs quitteront la maison quelques heures plus tard. Adieu !

Sur le trajet pour la maison de vacances, The Blue Wren, je me dis que malgré tout je suis quand même en Australie, avec une maison, une voiture, et deux boulots. Ca pourrait être pire. Je relativise et je me concentre sur ma prochaine tâche. Le nettoyage de la maison. Les derniers occupants l’ont laissé dans un très bon état et je me demande ce qu’il reste à nettoyer. Je commence alors à nettoyer les toiles d’araignées, ce qui signifie repasser l’aspirateur derrière… Et je prends mon temps. Après deux heures je m’aperçois que je ne vais pas pouvoir finir à temps. Les draps ne sont pas encore secs et… malheur ! une des chambres s’est close de l’intérieur lorsque j’ai fermé la porte. Impossible de rentrer et de refaire le lit. Oups ! Je me speed et tente de finir dans le délai imparti (4h) mais il apparaît très vite que je ne finirai pas dans les temps. Ok, pas de panique, j’appelle Stéphanie à 14h, lorsque je suis censée avoir fini et lui dit pour la porte. Elle me rassure, ce n’est pas un problème, la prochaine fois elle laissera les clés des portes des chambres en cas de pépin. Et il n’y aura pas de nouveaux hôtes avant un bout de temps. Cela me laisse donc le champ libre de revenir le lendemain et finir ce que je n’ai pas eu le temps de faire. Car il est 14h30 et je dois être à 15 heures à Cowaramup pour la traite. Mais je me garde bien de lui dire. Elle me transfère directement sur mon compte les 80 dollars bien mérités.

Je tente de m’occuper dans la soirée, appelle ma mère que je n’avais pas entendue depuis un mois, et ça fait du bien. Finalement je m’endors tard dans la nuit, exténuée.

Mercredi 8 juin

Je profite de courses à faire à Margaret River pour retourner au Blue Wren et finir ce que j’avais commencé. Une heure et demie plus tard la maison brille. Je me sens mieux. La prochaine fois, s’il y en a une, je ne sous-estimerai pas la quantité de boulot. La maison est immense et quatre heures sont bien peu de choses.
Andy, le stagiaire suisse, me rend une visite surprise ce soir-là, avec deux bières pour chacun. Son anglais est assez approximatif et souvent je ne le comprends pas mais nous discutons pendant plus d’une heure et ça fait du bien de parler à quelqu’un.

Vendredi 10 juin

Jour de paie. Sam et Dave m’invitent à dîner. Un bon steak ainsi qu’un gratin de patates (« studs » comme ils les appellent familièrement) et une sorte de quiche à la courgette. Délicieux. Puis on finit dans le salon, devant un feu de cheminée et un match de football australien (Aussie Rules), avec une bière gelée à la main. Sam me prête une écharpe et elle va me servir, les températures sont très basses (environ 4°C le matin) et je dois me lever à 6h le lendemain pour aller traire les vaches du week-end.  Je rentre chez moi un peu pompette mais toujours très prudente.

Samedi 11 juin

C’est désormais moi qui me charge de traire le week-end puisque Tom n’est plus là et que c’est la condition sinéquanone pour avoir la maison (et la voiture). C’est dur à 6h30 le matin, lorsqu’il fait encore nuit, froid, et que les trayeuses sont encore froides et ne veulent pas se fixer sur les pis. De plus je ne suis pas une personne matinale. J’ai la tête dans le cul (pardon papa pour l’expression).

Rebelote l’après-midi. Auparavant je suis allée me promener à pied dans la forêt alentour et c’est assez curieux de sentir le silence autour de moi. Pas un bruit, pas une bête, alors que cet endroit est envahi de kangourous et autres bêtes. De plus la végétation est toujours la même sur des kilomètres, pas de clairière ou d’étang, rien que des eucalyptus. J’ai quand même vu un kangourou mort, les entrailles béantes et la moitié de sa face arrachée dévoilant ses os et sa mâchoire.

Andy m’invite à dîner le soir, spaghetti all’arrabiata, super épicé mais très bon. Je rentre quand même me coucher tôt. Lever à 6h le lendemain.

Dimanche 12 juin

Après la traite (toujours avec Andy), Roon, le danois passe nous prendre dans sa voiture de sport et nous passons la matinée à Bunbury, la ville où nous avions eu la panne de voiture. Matinée shopping mais je réussis à ne dépenser que 25 dollars (dont 10 dollars de crédit pour mon portable), je dois me serrer la ceinture…

Voilà aujourd’hui on est lundi 13 juin et je vous écris toujours depuis la maison de la ferme, qui va être ma résidence pour les deux ou trois prochaines semaines. Je compte économiser jusqu’à 1500 dollars puis partir vers le nord. Nicole m’a dit que je pouvais partir quand je le souhaitais, que cela ne posait pas de problème. Je vais laisser une annonce sur GumTree et espérer trouver des compagnons de voyage pour aller jusqu’à Darwin tout en prenant mon temps. J’ai hier répondu à une annonce pour un départ le 28 juin avec une arrivée à Darwin le 28 juillet, en van, avec trois italiens. Ca pourrait être sympa. Mon 24ème anniversaire approche à grand pas et je ne sais toujours pas si je vais le fêter ici ou sur la route. Qui vivra verra…

Je viens de recevoir un email de Stéphanie qui est très satisfaite du résultat et me demande de nettoyer de nouveau la maison mardi prochain. Pas de soucis J Elle m’a aussi précisé que j’avais perdu beaucoup de temps à laver les housses de couette alors que cela n’était pas nécessaire. Je comprends mieux maintenant pourquoi ça m’a pris autant de temps… Difficultés de la langue…

Mon anglais s’est quand même nettement amélioré et je commence à bien comprendre les gens. Ca fait plaisir… 

Voilà mes chers lecteurs c’est tout pour aujourd’hui. Les semaines qui vont suivre risquent d’être calmes, mais vous en saurez plus à la prochaine. Une pensée à ma famille et à tous mes amis qui sont éparpillés sur le globe. Vous me manquez tous.